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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

… « Du Faust de M. Gounod, il ne restera que la Valse et le Chœur des Soldats. »…

… « On a fortement applaudi le ténor X, dans sa ravissante cavatine en si bémol au-dessus de la portée. »…

… « M. *** s’est visiblement inspiré de Léo Delibes, car dans son ballet, dont nous avons eu l’orchestre entre les mains, il y a trois timbales. »

Ou encore, à propos de l’Ascanio, de Saint-Saëns :

… « Comment voulait-on que Mme Bosman puisse tirer parti d’un rôle originairement écrit en clef de fa ? »…

(Je cite de mémoire, donc je ne réponds pas absolument des mots, mais de l’esprit — si on peut appeler cela de l’esprit ; et, sans beaucoup de recherches, on pourrait trouver dans les feuilletons des choses encore infiniment plus ridicules.)

Je m’attachai donc à cet élève, pensant que si plusieurs pouvaient suivre son exemple, lui emboîter le pas, et poursuivre en même temps des études littéraires, il serait très intéressant de voir se créer une race de critiques d’art, indépendants puisqu’ils ne seraient pas producteurs eux-mêmes, mais connaissant la technique musicale au même degré que les artistes dont ils s’érigent en juges ; tandis qu’actuellement nous n’avons guère comme véritables critiques sérieux que des compositeurs militants, lesquels, malgré toute leur bonne foi et leur bonne volonté, ne peuvent s’abstraire totalement des idées dominantes de l’école à laquelle ils appartiennent, ou de leurs idées propres, et par cela même qu’ils sont à la fois juge et partie, ont souvent toutes les peines du monde à formuler un jugement tout à fait impartial.

Et je pense encore ainsi.