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I

CONTRE L’ANTISÉMITISME




M. Émile Zola vient de commettre une action abominable. Il a défendu les Juifs ou plutôt il a attaqué l’antisémitisme. Qu’attendre d’un homme qui a du sang italien dans les veines ? Un Français de France n’eût point osé faire chose semblable. Sarcey lui-même a renoncé à intervenir en faveur de cette tribu de déicides qui, chacun le sait, dévore les petits enfants chrétiens, tombe en des convulsions de rage au saint nom de Jésus-Christ, un des rares Juifs qui ne soient pas maltraités par les antisémites, et dispose d’une puissance si formidable qu’elle écraserait en un jour l’antisémitisme si elle le voulait, ce dont chacun s’aperçoit.

Drumont n’a pas laissé passer cette algarade de l’auteur de Rome sans lui dire son fait, et il a ouvert son mandement par quelques paroles à mon adresse, si aimables qu’il m’en voudrait de ne pas lui dire que son article n’était pas bon. Il fera bien à l’avenir, et c’est là un conseil désintéressé, de surveiller son argumentation, de choisir ses raisonnements et de soigner sa logique. Sa réponse est vraiment un peu embrouillée : Coppée, Halévy, les prophètes, Enguerrand de Marigny, Swedenborg et Rouanet, Carlyle et le baron de Hirsch, le centenaire de Tolbiac et les pauvres religieux que les francs-maçons traquent « comme des Outlaws », le couvent des Oiseaux et Fourmis se rencontrent au long des trois colonnes de la Libre Parole, dans le plus joyeux pêle-mêle. Jamais le bon public antisémite ne se reconnaîtra là-dedans. Mais enfin ce n’est pas là mon