Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/106

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leur corps et à la fin étaient en mendicité. Ces femmes nouvellement converties prirent plus tard le nom de Filles-Dieu. Cette bizarre dénomination excita la verve satirique de l’auteur des Ordres de Paris.

Rutebœuf parle ainsi des Filles-Dieu :

Diez a non de fille avoir,
Mès je ne pois onques savoir
Que Diez eust fame en sa vie.

Une cession fut faite en 1232 aux Filles-Dieu, par les frères et prieur de Saint-Lazare, de quatre arpents de terre avec la censive et la justice qu’ils exerçaient, moyennant 12 livres de rente (Dubreuil). Elles achetèrent également en 1253 huit arpents de terre contigus aux précédents, et le roi saint Louis les dota de 400 livres de rente à prendre sur son trésor. Dans l’acte de dotation, le nombre de ces religieuses est fixé à deux-cents. Les Filles-Dieu occupèrent ce monastère jusqu’à l’époque où la France perdit la malheureuse bataille de Poitiers. Les Parisiens, épouvantés et croyant déjà voir l’ennemi au pied de leurs murailles, prirent la résolution d’accroître les fortifications de Paris, brûlèrent les faubourgs peu considérables qui se trouvaient autour de l’enceinte méridionale, et réunirent aux fossés et arrière-fossés les faubourgs beaucoup plus étendus qui s’étaient formés au nord de la ville. D’après le plan arrêté, les arrière-fossés devaient traverser l’enclos des Filles-Dieu ; ces religieuses furent donc obligées de quitter leur maison, de la faire démolir et de se retirer dans la ville. Jean de Meulan, alors Évêque de Paris, les transféra dans un hôpital situé près de la porte Saint-Denis, et fondé en 1316 par Imbert de Lyons ou de Lyon. Le but qu’on s’était proposé en créant cet ancien hôpital, avait été de procurer l’hospitalité aux femmes mendiantes qui traversaient Paris. Elles devaient être logées une seule nuit et congédiées le lendemain, avec un pain et un denier. L’évêque, en rétablissant les Filles-Dieu dans ce nouvel asile, fonda une chapelle sous le nom de la Madeleine, et ordonna qu’il y serait établi douze lits pour autant de pauvres femmes mendiantes. Les désordres qui peu à peu s’introduisirent dans cette maison, forcèrent d’y appeler des religieuses réformées de Fontevrault qui, au nombre de huit, y furent installées en 1497. Charles VIII posa la première pierre de l’église, qui ne fut achevée qu’en 1508. Le 24 mars 1648, les sieurs de Chamoy et de Saint-Ange, armés et accompagnés d’une nombreuse suite, pénétrèrent dans ce couvent pendant la nuit et violèrent plusieurs religieuses. — À la face extérieure du chevet de l’église des Filles-Dieu, se trouvait un crucifix devant lequel on conduisait autrefois les condamnés qu’on allait exécuter à Montfaucon. Ces malheureux venaient baiser la croix, on leur donnait de l’eau bénite, et les Filles-Dieu leur portaient trois morceaux de pain et une coupe pleine de vin. Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 14 vendémiaire an VI. Sur son emplacement, la rue, la place et les passages du Caire furent bâtis comme nous l’avons dit plus haut.

Calandre (rue de la).

Commence à la rue de la Cité, nos 50 et 52 ; finit à la rue de la Barillerie, nos 23 et 25. Le dernier impair est 55 ; le dernier pair, 54. Sa longueur est de 171 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

En 1250, elle n’était désignée dans toute son étendue que sous cette dénomination rue qui va du Petit-Pont à la place Saint-Michel (c’était la place devant la chapelle Saint-Michel-du-Palais). Elle est nommée en 1300, par le poète Guillot, rue de Kalendre. Elle devait sans doute sa dénomination à un des ancêtres de Jean de la Kalendre, dont il est fait mention dans le Censier de saint Éloi, en 1343. D’autres historiens ont pensé qu’elle tirait son nom d’une machine à lustrer le drap et qu’on appelait calandre. La première opinion nous parait plus vraisemblable. On croit que Saint-Marcel, évêque de Paris, naquit dans une maison de cette rue. Le jour de l’Ascension, le clergé de Notre-Dame y faisait une station. Saint Marcel fut inhumé en 436, dans l’endroit où l’on éleva depuis l’église de ce nom. — Une décision ministérielle, du 13 brumaire an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de la rue de la Calandre à 8 m. Les maisons nos 41, 41 bis, 49, 51, 55 et 54, ne sont pas soumises à retranchement. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).

Calvaire (boulevart des Filles du).

Commence aux rues du Pont-aux-Choux, no  1, et Saint-Sébastien ; finit à la rue des Filles-du-Calvaire, no  18, et au boulevart du Temple, no  2. Le dernier impair est 19 ; pas de numéro pair : ce côté est bordé par une plantation. Sa longueur est de 232 m. — Les numéros impairs sont du 8e arrondissement, quartier du Marais ; le côté droit, depuis la rue Saint-Sébastien jusqu’à celle de Ménilmontant, fait partie du même arrondissement, quartier Popincourt ; le surplus de ce côté dépend du 6e arrondissement, quartier du Temple.

Un arrêt du conseil, à la date du 7 juin 1670, prescrivit la formation de ce boulevart, qui dut son nom à sa proximité du couvent des Filles-du-Calvaire. La largeur de la chaussée est de 20 m. Les constructions qui bordent le côté des numéros impairs sont établies à 2 m. de distance du centre des arbres de la contre-allée. — Une ordonnance royale du 8 juin 1834 a maintenu ces constructions dans leur état actuel. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Au mois d’avril 1843, une enquête a été ouverte, à la mairie du 8e arrondissement, sur le projet de suppression et d’aliénation des contre-allées des boulevarts de Beaumarchais et des Filles-du-Calvaire, depuis la rue Daval jusqu’à celle de Ménilmontant.