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Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/96

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près du quai, savait qu’il devait passer sur la grève à cette heure de la soirée. Comment pouvait-il le savoir ? Pagé était arrivé à Québec vers le soir. Il était entré à La Colombe victorieuse et s’y était attardé malgré lui. Il n’avait pas été ailleurs ce jour-là.

L’officier écrivit mot à mot, le récit de Pagé quand il raconta, jusque dans les moindres détails, comment il avait trouvé le muet se noyant dans un canot submergé, et comment il l’avait sauvé. On avait fait venir Richard. Il confirma pleinement la déposition de son ami. Pour ne rien laisser dans l’ombre, on avait demandé à Richard de prouver qu’il ne se trouvait pas sur la grève au moment où l’assassinat avait eu lieu. Il est évident, pensa le limier de la police, que Richard ne se fut pas nommé s’il eut voulu commettre un meurtre. Au reste Richard n’eut pas de peine à faire la preuve que l’on demandait. Pagé voulut s’y opposer, disant que c’était faire injure au caractère loyal de son concitoyen, mais la justice a des exigences terribles.

L’innocence du muet ressortit de la manière la plus évidente de ce minutieux interrogatoire. Le peuple de la ville s’émut, et demanda