Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/97

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que cette malheureuse victime des méchants fut mise en liberté, sans plus de retard ni de formalités. Il y eut des rassemblements aux coins des rues, et l’on se porta en foule à la vieille prison. Le shérif arriva bientôt. Il voulut haranguer la masse et la disperser. Des cris formidables s’élevèrent. Il eut peur. On voyait, au-dessus des têtes, des pièces de bois fortes comme des béliers.

— Quand la justice se trompe, criaient des voix, c’est au peuple à réparer ses erreurs !

— D’autres disaient : La justice est aveugle, mais nous voyons clair, nous autres !

Et d’autres : Soyez aussi fins que vous avez été sots : trouvez les coupables après avoir puni l’innocent.

Et d’autres encore : Vox populi vox Dei !… Le peuple le veut, ouvrez les portes de la prison.

Il y avait des moments de grande anxiété. Tout à coup l’on aperçoit, dans le cadre noir de la sombre porte, une figure douce et pâle : C’est lui ! hurle la foule, et un immense hourra ! monte jusqu’au ciel, et l’antique prison tressaille jusqu’en ses fondements. Le