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les épis

S’agenouiller, en pleurs, devant la sainte image
De celle dont la voix dissipe tout orage :
« Ô Vierge, disent-ils, nous espérons en vous !
Nous sommes vos enfants, Vierge, secourez-nous !»

* * *

Déjà l’ombre au ciel plane, et chacun cherche un gîte.
Sous l’haleine du vent déjà l’onde s’agite ;
Les flots après les flots s’avancent menaçants.
Ils se brisent aux troncs des arbres frémissants,
Emportent ça et là les débris des clôtures,
Inondent les foyers et lèchent les toitures.
Ô rivages aimés, naguère si joyeux,
Quel aspect désolant vous offrez à nos yeux !
Vous avez dépouillé vos vêtements de fête,
Et le printemps n’a pas couronné votre tête !
Vous êtes devenus pareils au lit profond
Où s’élance, écumeux, un fleuve vagabond.

* * *

La nuit ! Voici la nuit au front ceint de ténèbres,
La nuit avec des voix, des murmures funèbres !