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irenna la huronne

C’est la pourpre sans prix dont le bourreau se teint.
On attise la flamme au foyer qui s’éteint.

Les femmes font rougir des instruments de pierre
Et brûlent en riant l’insolente paupière
D’où sans cesse jaillit le mépris.
D’où sans cesse jaillit le mépris. Les Hurons,
En des éclats de voix qui semblent des clairons,
Provoquent leurs bourreaux :

Provoquent leurs bourreaux : — Bourreau, tu te relâches !
Oh ! quel bonheur ! nos yeux ne verront plus de lâches !
Nos fils de vos aïeux ouvriront les tombeaux,
Pour vous donner ensemble en pâture aux corbeaux !

Plus ils narguent la mort, plus aussi, le sang coule…
Leur voix n’est plus qu’un râle et la vengeance est soûle.

Parmi ces fiers mourants Ounis est oublié.
Il est demeuré seul à son arbre lié.
C’est un malheur nouveau. Le supplice qui tarde
Est souvent plus cruel qu’un prompt supplice. Il garde
En son cœur ulcéré rancune à son destin.

S’il est sur le bûcher au lieu d’être au festin,
C’est l’amour inconstant d’Irenna la chrétienne