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agar et ismaël

Elle cherche au hasard. Le sol est desséché.
Il est partout maudit comme un lieu de péché.
Et le jeune Ismaël se tord dans le supplice.

— C’est Sara qui le tue et le ciel est complice,
Pense la pauvre mère.
Pense la pauvre mère.Et plus rien ne défend
Contre le sort fatal le malheureux enfant.
Il paraît expirer sous l’ardente torture.

— Mon cœur s’est affermi, Seigneur, dans la droiture,
Prends pitié de mon fils et viens le secourir !
Que je meure plutôt que de le voir mourir !
Dit-elle encor.
Dit-elle encor.Et puis, dans sa désespérance,
Pour n’être pas témoin de l’horrible souffrance
Et de la triste mort du fils qu’elle aime tant,
Elle s’éloigne un peu. Mais alors elle entend,
Plus fort que ses sanglots, un langage céleste :

— Agar, que fais-tu là ? Ne crains pas, Dieu te reste.
La plainte d’Ismaël a monté jusqu’aux cieux.
Agar se dresse, écoute et promène, anxieux,