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bethléem

Bethléem


Par delà Réphaïm, au flanc d’une colline
Qui monte des vallons comme un brillant croissant,
L’on voit une cité, chrétiens, et l’on s’incline…
C’est Bethléem ! C’est là, sur ce rude versant,
Que le Sauveur du monde en cette nuit habite.
Rien ne réveille, au nord, les rochers assoupis.
Au midi, c’est le champ où Ruth, la Moabite,
Était venue, un soir, glaner de blonds épis.

Le temple de Janus est fermé. Le silence
Sur les champs de bataille ouvre une aile de plomb.
L’aigle romaine, enfin, jusques au ciel s’élance.
Auguste, sur le monde a mis son fier talon,
Et vainqueurs et vaincus s’embrassent dans la haine.
L’esclavage gémit dans ses fers mieux rivés ;
La volupté s’endort chantant sa cantilène ;
Juda ne règne plus… Les temps sont arrivés !