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les épis


Tout homme a corrompu sa voie, et sur la terre,
Les peuples aveuglés se façonnent des dieux.
Au souffle de l’orgueil la vérité s’altère.
La science égarée aux maîtres studieux
Amène vainement une ardente jeunesse.
Tout s’effondre malgré l’effort de la raison.
L’esprit demeure avide et l’âme, avec tristesse,
Cherche quelque lumière au brumeux horizon.

Et le peuple de Dieu, le peuple juif lui-même,
Vendrait pour un peu d’or les tables de la loi.
Son grand Prêtre à l’autel monte sous l’anathème :
Le luxe et les plaisirs ont étouffé sa foi.
— Maudit soit Boéthos et maudite, sa lance !
Kantharos, sois maudit des générations !
Et sois maudit, Pharan !
Et sois maudit, Pharan !Ainsi la foule lance
Aux Pontifes pervers ses malédictions.

L’innocence rougit et le vice s’étale ;
Le fort est sans pitié, le faible, sans appui.
Tout semble gouverné par une loi fatale,
Et nul ne sait encor qu’un nouveau jour a lui,
Qui n’aura point de soir, mais une aube éternelle !
Et nul ne sait encor comment l’humanité,