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l’église des hurons

L’église des Hurons


Là-bas, sur les hauteurs, au pied des Laurentides,
S’élève, solitaire, un modeste hameau.
La rivière Saint-Charles, avec ses eaux limpides
Que voile, en maint endroit, l’ombre d’un jeune ormeau,
Caresse, en murmurant, le seuil de ce village,
Et, quand elle le quitte, on dirait que de rage
Sur son lit de cailloux elle s’agite et fuit,
Comme un daim effaré qu’une meute poursuit.
Dans un gouffre profond qui tout à coup s’entr’ouvre,
L’onde vertigineuse arrive avec fureur,
Rebondit sur le roc, se déchire et le couvre
De flots d’écume et de vapeur.

Le village est paisible et son aspect est triste.
Des enfants basanés, à l’œil noir et mutin,
Y suivent pas à pas chaque nouveau touriste,
Pour lui vendre un panier qu’ils ont fait le matin,