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La paix, c’est le regard de la femme qu’on aime,
Le tapis de gazon que la rose parsème,
Le sein où les désirs montent tumultueux ;
C’est toute la beauté que nul voile n’opprime ;
C’est l’être qui se fond dans un baiser sublime,
Car la paix, c’est l’amour, dit le voluptueux.

La paix, c’est le mépris des biens et des tendresses ;
C’est le calice amer des pieuses ivresses ;
C’est le feu qu’on éteint dans une âme qui bout,
Le repos de l’esprit dans les régions saintes,
Et l’emprisonnement, dans les froides enceintes,
De ce corps de péché que l’on traîne partout !

La paix, c’est l’existence au milieu des prairies,
Parmi les gais oiseaux, sous les branches fleuries,
Ou dans les blés dorés, au bord du ruisseau bleu ;
La paix, c’est la famille où le ciel fait descendre
Des anges espérés ; c’est l’âtre dont la cendre
Couvre, pour les jours froids, un doux rayon de feu.

La paix, dit le soldat, c’est, après la victoire,
La croix sur la poitrine et le nom dans l’histoire ;
C’est de reculer loin les bornes d’un état,