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adieu à l’an qui fuit


Ils ont régné sans Dieu, comme ils se l’étaient dit.
Des ennemis du Christ la phalange applaudit.
La foi voila son front, et, triste, elle attendit.

Et l’esprit de révolte, ainsi qu’un vent d’orage
Qui fouette tout à coup les ondes d’un parage,
Fit tressaillir les cœurs d’une farouche rage.

Car le sujet pensait : Le peuple est souverain.
Les rois se disent forts, mais leur pouvoir est vain.
Les hommes sont égaux, s’il est un droit divin.

De tous les points du ciel viennent de noirs présages.
On se moque tout haut de nos pieux usages,
Et des plaisirs malsains attirent tous les âges.

Sur son axe vieilli l’univers a tremblé ;
L’audace de l’impie en ces temps a doublé :
Et le juste partout dans sa paix est troublé.

L’homme ne se croit plus qu’une fange pétrie,
Il désire la mort pour son âme flétrie,
Et la terre qu’il foule est sa seule patrie.

Il se complait au mal, il boit l’iniquité ;
Le mensonge l’attire, il hait la vérité ;
Pour une heure de joie il vend l’éternité.