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les épis

Ils germent dans les blés qui couronnent les champs,
Et l’oiseau les aspire en modulant ses chants.
Ainsi vivra toujours peut-être, la matière.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Suivons la foule. Allons, mon fils, au cimetière.


Quel calme saisissant ! Combien dorment ici
Qui nous aimaient beaucoup, que nous aimions aussi !
Ils ont brisé leur chaîne et c’est la délivrance.
Leur plaisir est fini, finie est leur souffrance !
Fini le rêve aimé qui dorait l’avenir !
Finis l’ivresse folle et l’amer souvenir !
Ils vinrent en ces lieux, sur les feuilles jaunies,
Voir les tombeaux fermés après les agonies.
Ils lurent quelques noms, prièrent à genoux,
Songèrent un instant sans doute, comme nous,
À la fragilité de toute vie humaine !
Ô jour de deuil sacré que chaque automne amène,
Tu le proclames haut, la mort est sans merci !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quel calme saisissant ! Combien dorment ici !


Prions pour tous. Qui sait où trouver l’innocence ?
Attend-elle son juge en la magnificence,
Sous ce marbre orgueilleux qu’on entoure là-bas,
Ou dans le dénûment, loin du bruit de nos pas,