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les épis

Pour couche nuptiale ! Et combien, sur les berges,
Les reptiles rampants
Souillent, de leurs baisers, le sein bleui des vierges
Et le front des enfants !

Si tu pouvais parler, tu me dirais, ô fleuve !
Les joyeuses chansons des filles du hameau
Qui s’en vont, chaque soir, dans leur parure neuve,
Qui chaque soir s’en vont, dans un léger bateau,
Promener leur amour sur tes vagues discrètes,
Au souffle du zéphyr, au bruit des avirons,
Pendant que dans le ciel, comme l’œil des coquettes
La lune verse au loin ses perfides rayons.

Tu me dirais la paix de ces humbles chaumières
Dont les pignons blanchis
Sont, comme les donjons aux toitures altières,
Par tes eaux réfléchis ;
Les chants et les clameurs des cités orgueilleuses
Qui brillent sur tes bords
Comme, sur un cou blanc, des pierres précieuses ;
Les sublimes accords
Des oiseaux réunis sous les épais feuillages
Des saules et des pins ;