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si tu pouvais parler

Tous ces bruits, ces baisers, ces rires, ces ramages,
Des soirs et des matins.

Si tu pouvais parler, tu nous dirais encore
Combien de malheureux, lassés du poids du jour,
Sont allés demander à ton onde sonore
Un repos incertain. Âmes sans noble amour,
Esprits vains et sans foi, cœurs malades ou lâches,
Qui ne purent porter leur fardeau jusqu’au bout,
Trouvèrent plus aisé d’abandonner leurs tâches
Que de lutter toujours et de mourir debout.

Quand tes flots d’émeraude, au pied de nos collines,
Se reposent sans bruit,
Parmi les verts roseaux, les nymphes, les ondines,
Dansent toute la nuit.
Du haut du ciel serein les pensives étoiles
Te regardent dormir.
Et, le long de leurs mâts, en vain les blanches voiles
S’efforcent de frémir ;
Un sentiment d’amour s’empare de nos âmes,
L’univers est plus beau,
On voudrait s’élancer sur des ailes de flammes
Vers un monde nouveau.