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Qui découpe le front des océans pourprés,
Le labour tout fumant ridait le front des prés.
Les oiseaux festoyaient dans la forêt profonde.
Comme une fraîche ondée, aux jardins et sur l’onde,
Pleuvait aussi leur chant.
Pleuvait aussi leur chant. Ses souliers à la main,
Un pauvre enfant venait sur le bord du chemin.
Il souriait aux fleurs qui rayonnaient dans l’herbe,
À l’oiseau qui chantait sur la cime superbe,
Au ciel plein de clartés, au monde radieux.
Pourtant, son cœur saignait, et souvent de ses yeux
Des pleurs coulaient brûlants qui noyaient son sourire.
Mais il allait toujours, comme s’il eut vu luire
Sur la route inconnue une étoile du ciel.

Il venait de quitter le foyer paternel
Avec sa paix divine et ses chastes ivresses ;
Le foyer que peuplaient les plus douces tendresses,
Où son front d’ange avait reçu tant de baisers.
Il allait, ignorant le monde et ses dangers,
Il allait désormais, cherchant une demeure,
Vivre de son travail, pour faire un peu meilleure,
À la table modeste, une part à chacun.
Et les fleurs lui versaient leur suave parfum ;