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les épis


À une jeune femme


Souriez, jeune femme, aux floraisons de l’âge ;
Laissez vos yeux s’emplir de l’éclat du ciel bleu ;
Les nuages rosés n’enfantent point l’orage,
Et tout espoir est doux, même s’il dure peu.

Quand, triste, le vieillard sent défaillir son âme,
Il cherche encor le ciel qui rayonnait sur lui,
Il s’en va remuer, dans le foyer sans flamme,
La cendre où tant de fois une étincelle a lui.

Mais la jeunesse avide aux branches déflorées
Voudra cueillir toujours des fruits de pourpre et d’or,
Qu’importe la défense aux lèvres altérées ?
La gourmandise d’Ève est chose douce encor.

Et moi, dans mon regret de la fleur printanière
Qui venait parfumer mon jardin et mon cœur,