Page:LeMay - Les épis (poésie fugitives et petits poèmes), 1914.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
les épis

De tous les paysans réunis près des eaux,
S’effaça tout à coup, au penser des fléaux
Que pouvait apporter la vague déchaînée.
La gaîté s’éteignit. Et, l’âme consternée,
Ils quittèrent en foule, et précipitamment,
Le rivage où montait le terrible élément.

Henriette s’arrache aux douceurs de son rêve.
Elle voit que tout fuit. Honteuse, elle se lève
Et tourne promptement ses pas vers la maison.
Mais voici que soudain, à travers un buisson
Qui semblait un rideau déchiré par les ormes,
S’avance effrontément un gars aux rudes formes,
Et dont l’œil dilaté flambe d’un feu jaloux.
Il lui jette ces mots :
Il lui jette ces mots :Il n’est plus avec vous ?
Eh bien, tant mieux pour lui. J’aime et je suis tenace.

Elle lui répliqua :
Elle lui répliqua :Mais le ciel vous menace…
Regardez donc là-bas, Tribul, et laissez-moi.
Et rapide elle fuit toute pâle d’effroi.