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tonkourou


Et la naïve fille, en son amour puisant
Une force nouvelle, une espérance auguste,
Répondit au vieillard :
— Ne soyez pas injuste.
Pardonner au coupable, ô mon père, c’est mieux
Que frapper l’innocent d’un trait calomnieux.

Le vieillard emporté marche d’un pas rapide.
Il regrette, dit-il, sa charité stupide
Dont le bon Dieu lui-même, il est clair, ne fait cas ;
Il pousse son fauteuil qui roule avec fracas,
Tombe, se brise et blesse au pied la jeune fille.

Louise ne dit rien, mais une larme brille
Comme une perle blanche aux cils de son œil noir.
L’irascible Lozet se laisse aussitôt choir
Sur un banc qui s’adosse à la cloison de planche,
Et son front soucieux sur ses deux mains se penche.