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tonkourou

Qu’habite maintenant la vierge aimée un jour,
La vierge qui paya d’un soufflet son amour.
Elle est épouse et mère.

Étouffant sa torture,
Avec elle il a ri souvent de l’aventure ;
Mais c’était une trame. Il en nouait le fil.

Le clocher dans le ciel plonge son noir profil,
Et tous les habitants rentrent dans leur demeure.
Lozet s’attarde encor. Souvent depuis une heure,
Pour causer, les voisins se sont tous assemblés,
Et lui laboure encore ou moissonne ses blés.

Caché dans les rameaux du grand orme, à la cime,
Un rossignol chanta. C’était, ce chant sublime,
Au jour qui s’éteignait un solennel adieu.
Le huron songeait-il que tout proclame Dieu :
Les bois, les prés, les mers, la foudre de la nue ?…

Comme pour écouter la cantate ingénue,
Pleine de folle joie ou de soupirs touchants,
Tous les autres oiseaux suspendirent leurs chants.

Un bel enfant alors, jouant dans l’herbe dense,
Pour entendre l’oiseau s’approche avec prudence