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tonkourou


Il regardait sa hache et n’osait la reprendre,
Le fauve le guettait, cherchant à le surprendre.

Il n’était pas d’humeur à rester là pourtant.
Le temps lui semblait long : un siècle chaque instant.
Il part donc. L’ours le suit, l’atteint et le renverse :
Encore une seconde et sa dent le transperce.
Il pousse un cri d’horreur. Dans le même moment,
L’ours bondit sur le sol et rugit longuement.



Du matin radieux buvant la fraîche haleine,
Souriant aux amours dont sa jeune âme est pleine :
À l’amour de Louise, à l’amour du pays,
Léon marche au hasard vers les sombres taillis.
Soudain il aperçoit le vieillard qui se sauve,
Poursuivi de très près par l’effroyable fauve.
La hache luisait là. Terrible autant que prompt,
Il court, il la relève et frappe l’ours au front.

Aussitôt qu’il sentit le péril disparaître,
Lozet dit à Léon :
— Je dois le reconnaître,
Le danger était grand ; sans vous je serais mort.
Nous sommes quittes donc, car vous m’aviez fait tort.