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tonkourou

De ces traîtres récifs que l’eau recouvre à peine.
L’onde sourd aussitôt comme d’une fontaine
Et la fragile nef s’emplit rapidement.

Ils demeurent d’abord muets d’étonnement ;
Puis, la peur les saisit. Ils regrettent leur faute.
L’eau s’étend loin ; la mer cependant n’est pas haute.
Ils sortent du canot afin de l’alléger ;
Mais la blessure est large et le vaisseau léger
Sur l’onde ne peut plus garder son équilibre.
Autour pas une voile à la brise ne vibre.
Ruzard dit :
— Appelons, quelqu’un viendra vers nous.

L’eau qui monte toujours va lécher leurs genoux.
Le canot submergé s’éloigne à la dérive.
Sur les cailloux glissants en vain leur pied se rive.

La mer n’a pas noyé toute la plage encor.
Ils regardent là-bas, comme un divin décor,
Les bocages, les caps, les prés, les maisonnettes ;
Ils entendent l’écho des bords, les chansonnettes
Des pêcheurs qui s’en vont relever leurs filets.

La lune resplendit dans le ciel. Ses reflets