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tonkourou


Et la lune argentait de ses rayons moelleux
Le tuf des caps lointains, le ciel et les flots bleus,
Et, parfois, battant l’air de ses ailes ardentes,
L’émérillon jetait quelques notes stridentes
Comme un rire moqueur, comme un sarcasme amer,
En passant auprès d’eux, au-dessus de la mer.
Et l’eau montait toujours.
Ô l’horrible souffrance !
Voir la mort et ne plus croire à la délivrance !

Le flot les étreignait comme eut fait un serpent.

— Sois maudit, Tonkourou ! mon âme se repend
D’avoir eu confiance en tes conseils perfides,
Râla sinistrement Ruzard.
Ses yeux humides,
Dilatés par la peur, dévoraient le huron.
Et l’indien lui dit :
— La mort te rend poltron.

Et sur leur désespoir luisait l’étoile gaie.

Dans l’onde, loin, bien loin, plongeait une pagaie.