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tonkourou

Et l’eau montait toujours.

Il cria plein d’effroi :

— Tonkourou, Tonkourou, c’est par ta faute, à toi,
Que je suis maintenant dans ce péril extrême.

Et des larmes coulaient sur son visage blême.
Le vieux huron lui lance un foudroyant regard :
— Lâche ! fit-il.

Mais lui, tremblant et l’œil hagard,
Il agite ses bras comme des ailes chauves,
Il pousse vers le ciel des hurlements de fauves.
Cachant son désespoir, morne, l’autre vaurien
Regarde le rocher qui fuit et ne dit rien.
Et l’eau montait toujours.
Elle couvrait la plage.
Toujours ils entendaient le superbe village
Qui chantait, vers la nuit, ses rustiques refrains.

Déjà le flot profond leur ceinture les reins.
Ils avaient cet espoir, dans leur crainte farouche,
Qu’il n’arriverait pas cependant à la bouche.