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LA VISION

Le jour s’évanouit ; il s’en va comme un rêve.
Le flot silencieux sur le tuf de la grève
S’endort comme l’enfant qui n’a pas de remords.
Le navire qui brûle en voguant loin des bords
Fait resplendir le ciel de mille gerbes blondes,
Et petit à petit, dans l’abîme des ondes
S’enfonce radieux ; de même le soleil,
Qui faisait rayonner de son éclat vermeil
Les plaines et leurs eaux, les fleuves et leurs berges,
Derrière nos grands monts couverts de forêts vierges
Lentement descendit.
Le nuage, un moment,
Parut étinceler des feux du diamant,
Comme le cou bruni des superbes créoles ;