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tonkourou


Et de vives lueurs, comme des auréoles,
Couronnèrent soudain tous les lointains sommets.
Ainsi, quand le jeune âge a passé pour jamais,
Quand arrive, sans bruit, le soir de l’existence,
Un souvenir suave, un souvenir intense
Enveloppe nos cœurs de ses reflets bénis,
Et nous croyons revivre aux temps qui sont finis.



Le soir noyait les champs dans son ombre jalouse.
Louise vint s’asseoir seule sur la pelouse,
Au pied de l’orme. Alors sur le poudreux chemin
Personne ne venait. D’une distraite main
Elle froissait des fleurs à leur tige arrachées.

La pauvre enfant souffrait, mais ses douleurs cachées
Ne cherchaient point, hélas ! d’inutiles appuis.
Elle semblait se plaire en sa tristesse. Et puis
Elle se consumait dans une vaine attente,
Ne voyant plus paraître avec l’aube constante,
Vers le déclin du jour ne voyant plus venir
L’homme fier dont son cœur gardait le souvenir.

Pendant qu’elle, rêvait de chose triste ou tendre,
Sur l’herbe, derrière elle, un pas se fit entendre.