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tonkourou


Il vit le seuil connu d’une blanche maison
Et des ébats joyeux sur un champ de gazon ;
Il vit un homme aimé venir par la prairie ;
Il sentit les baisers d’une mère, chérie.
Il crut avoir déjà, dans quelque soir pareil,
Écouté, tout heureux, au coucher du soleil,
Un chant qui descendait du même antique dôme ;
Puis il crut voir venir tout à coup un fantôme
Qui se dissimulait derrière l’arbre altier.
Et ce fantôme noir, c’était un canotier
Voleur d’enfants. Alors s’échappa de sa bouche
Un cri rauque, étouffé, comme ce cri farouche
Qu’on jette quelquefois pendant un lourd sommeil…

La vision s’enfuit au fond du ciel vermeil.