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tonkourou




Je voyais arriver le jour de l’hyménée.
Ma famille en ces temps fut, hélas ! ruinée :
J’étais devenu pauvre, oui ; mais j’aimais encor ;
J’étais presque content. Ce n’est pas pour mon or,
Disais-je, qu’elle m’aime et puis qu’elle m’épouse.

À quelques jours de là, sur la molle pelouse
Elle se promenait au bras d’un laid vieillard.
Il était riche, lui ; je n’avais plus un liard.

Je pourrais bien ici terminer cette histoire.
Sur moi-même j’ai pu remporter la victoire ;
J’ai senti le néant de mes affections.
Dieu nous ramène à lui par les afflictions.

Or, un jour cette femme appartint à la foule.
L’honneur croule bientôt ; sous les pieds on le foule,
S’il n’est pas étayé par la chaste vertu.
Cette femme orgueilleuse, un jour, le croirais-tu ?
Renia son époux et se fit courtisane !