Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
tonkourou




On ne parle plus guère, enfin, de l’inconnu
Qui fut, un jour d’hiver, jeté comme une épave
Dans la paroisse. Ainsi, comme le fleuve lave
Des mots mystérieux sur les sables écrits,
Le temps, vague éternelle, efface en nos esprits
Les souvenirs heureux et la trace des peines.

Louise aime toujours, mais de ses amours vaines
Elle n’espère plus revoir le doux objet.
Et voilà bien pourquoi, soumise au vieux Lozet,
Elle accepte aujourd’hui de boire le calice.
Elle ira par devoir, comme on marche au supplice,
Jurer, non pas d’aimer, mais de craindre et servir
L’homme qui doit, hélas ! à son joug l’asservir.



Tous les jeunes garçons s’empressaient à l’ouvrage ;
Les uns fendaient le bois nécessaire au chauffage,
Les autres sur l’épaule apportaient les fagots.
C’étaient des chants, des cris, des rires, des bons mots.