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tonkourou


Et pendant que l’on fend le bois, que l’on charroie,
Le lin battu se change en brillants fils de soie,
Et les filles s’en vont tour à tour, près du feu,
Sur un siège moussu se reposer un peu.

Mais voilà que s’élève un long cri de surprise,
Et l’on voit ondoyer comme une vague grise
La fumée au-dessus du ruisseau cristallin.
Une flamme légère avait mordu le lin
Et courait vivement dans les fibreuses tiges.

Pour arrêter le mal chacun fait des prodiges ;
On éloigne le lin qui se trouve en danger ;
On abat le treillis de l’échafaud léger ;
On disperse au hasard l’inflammable matière ;
On s’empare des seaux ; on vole à la rivière.

Louise, dans son trouble et son empressement,
Du foyer dangereux s’approche imprudemment ;
Une flamme s’attache à son jupon de toile
Et la couvre bientôt comme un sinistre voile.
Elle appelle. Un instant tous sont dans l’embarras.
Cependant Ruzard court ; il la prend dans ses bras