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tonkourou

On entend s’échanger de joyeuses paroles.
Assis sur le devant des belles carrioles,
Des gars mènent grand train des minois réjouis,
D’adorables minois chaudement enfouis
Dans les peaux de bison, sur le siège d’arrière.
En vain les bancs de neige élèvent leur barrière,
Ils les franchissent tous, à la course, au galop.
Ils vont à la veillée et l’on ne sait pas trop
À quelle heure, demain, les violons rustiques
Cesseront de jouer des rondes fantastiques.



— Comme les flots du lac lorsque le vent s’endort,
Tes pas sont enchaînés, Tonkourou. Dans le fort
Hâtons-nous de nous rendre je puis te prédire
Que nous ne pourrons pas, même au dernier navire,
Vendre les riches peaux dont nous sommes chargés.
Ce serait un malheur. Nous serions obligés
D’attendre le soleil sur ces tristes rivages.

Ainsi, l’air mécontent, disait l’un des sauvages
Avec qui Tonkourou venait de se lier.
Et Tonkourou reprit :
— Je ne puis l’oublier,