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tonkourou

Sur les nids des oiseaux qui chanteront d’ivresse ;
Mais nous, printemps aimé, sous ta chaude caresse
Nous ne renaissons pas ! Nous ne vivons qu’un jour :
Quand arrive la nuit, c’est la nuit sans retour !



Noël était passé, Noël la grande fête.
Et les antiques bois avaient courbé leur faîte
En signe de respect et d’amour, quand l’airain,
À l’heure de minuit, au fond du ciel serein,
Pour redire aux chrétiens la sublime nouvelle,
Fit vibrer les accords de sa voix solennelle.

Et tous les habitants de nos pieux cantons :
Jeunes et vieux, légers, courbés sur des bâtons,
Hommes, femmes, vêtus de leurs habits de laine,
Par les chemins de neige, au milieu de la plaine,
Devant la crèche sainte où naissait le Sauveur,
Étaient tous accourus dans leur vive ferveur.

Puis vinrent les jours gras : jours de fêtes profanes
Où l’on entend chanter dans les pauvres cabanes
Comme sous les lambris des riches habitants.
On voit passer et fuir des chevaux haletants,