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tonkourou


Qui les avait, hélas ! attirés dans un piège.
Quatre des trappeurs blancs roulèrent sur la neige.
Les chasseurs iroquois étaient les assassins.
Tonkourou n’avait pas deviné leurs desseins.



Il neige, il neige, il neige, et ces régions mornes
Ressemblent à des mers profondes et sans bornes.
Les malheureux trappeurs, affaiblis, harassés,
De leurs riches fardeaux se sont débarrassés.
Il leur semble qu’un gouffre au devant d’eux se creuse.
Et leur âme est pareille à cette plage affreuse :
Ils ne murmurent pas cependant. À pas lents,
Toujours l’un près de l’autre, ils marchent vacillants.

Ils poussent tout à coup une clameur de joie.
Dans le ciel gris, pas loin, une fumée ondoie
Comme un blanc pavillon. Ils se trouvent plus forts,
Et font pour arriver de suprêmes efforts.
La vie est en effet le prix de cette lutte.

Ils s’arrêtent enfin sur le seuil d’une hutte.
Ils appellent. Surpris, de leurs lits de rameaux
Se levèrent alors des chasseurs esquimaux.