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tonkourou


Lorsque devant la hutte il passa, dévorant
De son léger traîneau la plaine désolée,
Il entendit son nom : mais son âme affolée
Crut que c’était la voix de l’Esprit des déserts
Qui lui parlait ainsi dans le calme des airs.



Les chasseurs esquimaux, formés en caravanes,
Arrivèrent un soir à leurs pauvres cabanes.
Joyeux d’avoir tué phoques et loup-marins,
Ils dansaient en frappant de mauvais tambourins.
Les chiens grondeurs, aigris et la langue pendante,
Traînaient avec lenteurs une chasse abondante,
Le fruit d’un labeur dur, et l’unique trésor
De ces déshérités.
— L’oiseau prend son essor
Quand il s’est reposé sur la branche du hêtre,
Dit Léon à celui qui paraissait le maître,
Nous sommes reposés et nous nous sentons forts.
Nous allons, ô chasseur, cheminer vers les forts
Après avoir fumé le calumet ensemble.

— Mon frère, dit le chef, fais comme bon te semble ;
L’Esprit parle à ton cœur, tu dois avoir raison.
Or, sache que là-bas, plus loin que l’horizon,