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tonkourou

Sur l’éclat de la neige allait se dessinant.
Et Léon regardait ce chasseur étonnant,
Et l’angoisse serrait de plus en plus son âme.
Et, comme aux champs des cieux passe un globe de flamme,
Ainsi, devant la hutte et sur le champ glacé
Où jamais nul chemin n’avait été tracé,
Dans sa fuite passa la traîne vagabonde.
Alors une clameur douloureuse, profonde,
Fit retentir les airs :
— Tonkourou ! Tonkourou !
Mais l’attelage allait, allait on ne sait où.



Tonkourou, repentant, veut expier ses crimes.
Il veut revoir encor ceux qui furent victimes
De sa haine farouche et de ses noirs conseils ;
Mais combien passeront de nuits et de soleils
Avant qu’il puisse, hélas ! implorer leur clémence !
Puis il verse des pleurs : sa douleur est immense,
Car il croit que Léon son jeune ami n’est plus.
Il marche nuit et jour ; ses esprits résolus
Bravent mille dangers, surmontent mille obstacles.
Il croit que le Seigneur permettra des miracles
Pour le faire arriver aux bords du Saint-Laurent.