Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

xvii

LA GROSSE GERBE

Les blés sont mûrs. Faucheurs, étendez la javelle !
Le rossignol, avec une gaîté nouvelle
Égrène ses accords sur les pins dentelés.
Avec de longs frissons les épis barbelés
Tombent de toute part sous l’active faucille.

Parmi les moissonneurs le chef de la famille,
Chaussé légèrement de ses souliers tannés,
Comme un faune s’en va sur les chaumes fanés.
Sa chemise de toile, à la gorge entr’ouverte,
Laisse voir la sueur dont est déjà couverte
Sa poitrine puissante. Il va, muet, liant
La gerbe blonde avec le coudrier pliant.