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tonkourou

Ceux qui ne savent pas, par quelque truc infâme,
Épouser une dot en prenant une femme.
Lozet avait promis lui donner pour sa part,
Le jour du mariage ou quelque temps plus tard,
Sa terre ou de l’argent. La quinzième journée
Devait marquer enfin l’époque fortunée.

Louise parle peu ; son sourire est amer
Et son cœur pour Ruzard est froid comme l’hiver ;
Mais, comme en son courroux Lozet peut la maudire,
Elle ira vers l’autel, elle vient de le dire.

Cependant les danseurs, suivis par les enfants,
En chantant des chansons, allèrent, triomphants,
À la grange mener la gerbe gigantesque.
Ils avaient affublé d’un harnais pittoresque
Le plus fringant cheval. Et puis debout, pressés,
Dans la grande charrette ils s’étaient tous placés.
Le rire s’égrena le long du chemin large
Et l’essieu se plaignit sous sa joyeuse charge.
L’on dansa tout le soir. En frappant du talon
Le joueur mesurait le chant du violon.