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tonkourou


Le sauvage gémit ; son esprit s’égarait.
Quand il leva la tête on vit deux grosses larmes
Noyer ses yeux. Il dit :
— Ce brave a pris les armes,
Il est mort !… Il est mort pour sauver son pays.

Et tous les conviés écoutaient ébahis ;
Mais l’indien plaintif ne dit pas autre chose.
En vain on le pressa, sa figure morose
Se pencha sur la terre avec anxiété.
On s’entre-regardait. Louise avait jeté,
Comme un oiseau qu’on blesse, une plainte profonde.
Jean gronda :
— C’est un traître ! et que Dieu le confonde !

Et Tonkourou reprit :
— Je ne puis de bon cœur
À mes lèvres porter la brillante liqueur,
À moins que ta grande âme à l’instant ne m’accorde,
Pour un forfait lointain, pleine miséricorde.

À ce discours nouveau Lozet n’entendait rien.
— Soit ! fit-il.
Tout le monde entourait le vaurien.