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tonkourou


Il vit les icebergs qui causent mille effrois.
Ces flots cristallisés par d’implacables froids,
Roulant sur d’autres flots, montent jusques aux nues,
Fouillent des profondeurs quelquefois inconnues,
Et dans les ouragans, sous des cieux éblouis,
Poussés l’un contre l’autre en des chocs inouïs,
Ils éclatent, tonnant comme un vaste cratère
Quand, dans les chauds climats, l’écorce de la terre
Sous un souffle du ciel a soudain tressailli ;
Ou, plus tard, tout à coup, comme un temple vieilli,
Sous les feux du soleil qui commence à les fondre,
Leur paroi d’argent croule et leur tour d’or s’effondre.
Un grand calme enchaîna la barque sur les flots,
Et le temps parut long aux pauvres matelots.
Le vent reprit un soir et, sur le pont de chêne,
Au milieu des agrès : ancre, cordage, chaîne,
La vague retombait avec un bruit d’enfer.
Le patron fut, hélas ! emporté dans la mer !
Léon dont la valeur n’était plus ignorée
Prit le commandement de la barque éplorée,
Il entra dans le fleuve et, guidé par les cieux,
Il en remonta loin le cours audacieux.