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tonkourou


Alors il ramassa quelques feuilles légères,
Des rameaux de sapin, des mousses, des fougères,
Et se fit une couche. Il dormit. Au réveil
Il vit sur les sommets rayonner le soleil.
Un vent frais en passant jouait dans la feuillée
Et les oiseaux disaient leur chanson éveillée.

Il se lève. Quelqu’un fait, dans le même instant,
Crépiter des buissons le feuillage flottant.
C’est Ruzard qui s’avance en écartant les branches.
Tonkourou lui sourit, et ses manières franches
Lui rendent aussitôt l’audace d’autrefois.

— Je viens, lui dit Ruzard, te trouver sous les bois
Pour te remercier, ô mon ami sincère,
De n’avoir point trahi François, ton jeune frère.

— Tonkourou n’est plus traître et veut rester discret,
Répondit le sauvage. Il taira ton secret,
Car il ne sert de rien aujourd’hui de le dire.

— Tu m’as fait peur hier ; j’ai pensé te maudire.
Hier tu m’as fait peur ; mais tout va s’arranger.
Jean me donne son bien : nous allons partager.