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tonkourou

La torche incendiaire au milieu des maisons.
Et le vent qui s’élève emporte les tisons
À travers le ciel noir où la bombe fulmine.

On eut dit que le sort protégeait la chaumine,
Car les boulets ardents passaient sans la toucher.
Les petits sont heureux de pouvoir se cacher,
Quand les grands, bien souvent, tombent dans la tourmente.

Partout c’était le bruit d’une mer qui fermente.
Le couvent où d’abord nous nous étions massés
Prit feu. L’instant d’après nous étions menacés
D’être tous engloutis sous les cendres brûlantes.
Nous gagnâmes l’église. Or, les balles sifflantes
Décimèrent encor nos rangs bien éclaircis.

Pendant que nous suivons les chemins obscurcis,
Gugy, le colonel, au milieu du tumulte,
Accourt sur son cheval pour nous cracher l’insulte.
Il rentre dans le temple.
— Arrière ! mécréant,
Clame Léon, arrière !
Il semblait un géant.
Il lui barre la route, il l’attaque et le touche.
Mais l’infâme Gugy, le blasphème à la bouche,