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tonkourou


Pendant qu’à la maison, gracieuses et vives,
Les femmes font ensemble échange de bontés,
Les hommes, à l’appel de Jean, se sont hâtés
D’attacher les chevaux dans la chaude écurie.

— Il fait froid, mes enfants, par cette poudrerie ;
Le rhum réchauffe : eh bien ! prenons-en un filet,
Leur dit-il au retour en ôtant son gilet.

Louise se leva. Les regards la suivirent.
Les jeunes invités que ses grâces ravirent,
Se sentirent plus fiers. Ruzard surtout. L’orgueil
Souriait satisfait dans l’éclat de son œil.
Timide, elle étouffa le bruit de son haleine.

Elle étrennait alors une robe de laine
Qu’elle avait faite seule avec adresse et soin.
Elle ouvrit le buffet, haut et sombre en son coin,
En sortit le plateau de fer, une bouteille
Pleine d’un bon rhum d’or acheté de la veille,
Les verres, qui luisaient comme des vrais cristaux,
Et des plats de faïence enfaîtés de gâteaux.

— Allons ! servez-vous bien, et sans cérémonie,
Reprit le père Jean, l’armoire est bien garnie.