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tonkourou


Cet homme au bord de la falaise,
C’était François Ruzard.
— Léon repose à l’aise,
Commence-t-il alors, riant au trou béant,

Tonkourou se dressa sur lui comme un géant :

— L’as-tu donc tué ? Parle ! Est-il là, dans le gouffre ?
Mais parle donc, Ruzard, tu vois ce que je souffre !

Ruzard ne parlait plus. Le huron s’approcha.
La côte surplombait la grève. Il se pencha
Pour voir si son ami gisait dans la ravine.
Mais Ruzard se relève avant qu’il le devine
Et vers l’abîme affreux le pousse rudement.

L’indien se tenait aux rameaux. Vivement
Il jette une clameur, étend les bras, empoigne
D’une implacable main le traître qui s’éloigne.
Il l’écrase à ses pieds, mais il tombe avec lui,
En rompant l’arbrisseau qui lui servait d’appui.

Entre ces malheureux une lutte commence,
Terrible et sans merci, sur la ravine immense.
Le sauvage reçoit un coup inattendu
Et roule dans le vide. Il reste suspendu,