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tonkourou


Alors l’airain sacré retentit dans l’espace,
Annonçant au hameau l’angélus du midi.
Ruzard pousse un cri rauque. En son corps engourdi
Court un frisson de peur brûlant comme une lave.
La vague du ruisseau module un chant suave ;
Un rayon de soleil descend jusques au sol ;
Un oiseau près de là chante en prenant son vol ;
Le feuillage tressaille et la nature entière
Semble, au son de l’airain, moduler sa prière.

Tonkourou s’attendrit. Il se met à pleurer.
Sa bouche vient alors doucement effleurer
La main de l’ennemi que l’espoir abandonne.

— Mon Dieu, dit-il, pitié pour moi, je lui pardonne !…

Et, pendant que sa voix monte au parvis divin,
Son corps tombe et se brise au plus creux du ravin.