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tonkourou


La mère Jean Lozet auprès de la muraille
Arrange le fauteuil et les chaises de paille,
Puis sur chacun des lits met un blanc traversin.

Le prêtre rentre. Il est suivi du médecin.
Ils vont au moribond et, pendant que l’un prie,
L’autre tâte le poulx, palpe la chair meurtrie.

— Est-il mort ? dit quelqu’un.
— Non, répond le docteur,
Mais il mourra bientôt.
Son œil observateur
Suivait toujours du mal les différentes phases.
Le moribond jeta quelques lambeaux de phrases.
Le médecin reprit :
— Un symptôme alarmant…
Mais il aura, je crois, un lucide moment.

En effet, le sauvage entr’ouvre la paupière
Et sa lèvre paraît redire une prière.
Il fait avec le prêtre, une dernière fois,
De sa débile main, le signe de la croix.
On dirait qu’un sourire a passé sur sa bouche.
Il est beau, ce mourant.
On entoure sa couche ;