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xxviii

LE FOU

Pendant qu’on se livrait à ces joyeux transports,
On entendit quelqu’un chanter gaîment dehors.
Ruzard entra. Son air était lugubre et bête ;
Ses cheveux emmêlés se dressaient sur sa tête
Comme les rameaux secs des sapins rabougris.
On eut dit que du sang luisait dans ses yeux gris.
Son vêtement, son front étaient souillés de boue ;
Ses doigts étaient crochus, pliés comme une houe.
Il riait par moment, mais d’un rire idiot.
Il chantait :
— Viens ! ô viens ! je suis le loriot
Qui redit ses amours sur la verte prairie.
Tu m’as donné ta main, viens, la couche est fleurie.