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tonkourou


Et, pendant qu’il chantait, d’un air sombre, anxieux,
Tout autour de la chambre il promenait ses yeux.
Il aperçut le chef :
— Gardez ce mort farouche !
Il s’approche de moi : je crains qu’il ne me touche.
Comment donc est-il là ? Je l’ai tué… j’ai fui…
Il me tient ! Il m’entraîne !… Au secours !… Un appui !…

Et, secouant la peur, d’un ton de violence :

— J’ai bien su te punir, moi, de ton insolence,
J’ai deviné, vieux chef, ta lâche trahison !…
Je perdais ma Louise et j’allais en prison…
Les mots ne parlent point. Sivrac dort dans sa cave.
Chamberst qui l’a tuée m’a dit : le sang se lave.
De Chamberst l’assassin moi j’ai guidé les pas ;
Mais ce qu’il m’a donné je ne le dirai pas…

Il eut peur de nouveau :
— La justice est prochaine !
Dans ses bras tout sanglants le sauvage m’enchaîne !…
L’entendez-vous ? il parle… il voudrait m’appeler.

— Pour ton malheur, Ruzard, le mort vient de parler,
Repartit le vieux Jean surpris de ce délire