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tonkourou


Ruzard le regardai puis éclata de rire.
Il se mit à danser ; mais tout à coup il dit :

— C’est l’hymen ; courons donc au bonheur !
Il bondit,
Il vola comme un trait au bord du précipice.

Jean reprit tout ému :
— Que Dieu lui soit propice
Et ne le laisse point en cet état mourir !



Pendant que la maison était à discourir,
Il rêvait, l’insensé ! sur le bord de l’abîme.
Des oiseaux modulaient leur cantate sublime
Au sommet des sapins ruisselants de soleil,
Et l’on voyait s’enfuir le fleuve sans pareil
Comme une nappe d’or qui sans fin se déplie.

— Ô Louise, dit-il, mon âme t’en supplie,
Fuis le marin jaloux, viens essuyer mes pleurs !
Viens, le lit nuptial est tout jonché de fleurs…

Et dans le vide horrible en chantant il s’élance.
Le gouffre eut un sanglot et puis tout fit silence.