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tonkourou


Le spectre tient l’enfant ; l’enfant, douce colombe,
Sourit aux longs baisers qui pleuvent sur son front.
Puis, comme aux sommets bleus remonte l’aigle prompt,
Et comme une vapeur fuit sans laisser de trace,
Le spectre ami s’éloigne et dans la nuit s’efface.
Et Léon et Louise, avec des pleurs bien doux,
Embrassent leur enfant et tombent à genoux.



Et maintenant adieu, vieil orme solitaire !
Ma tâche est achevée et mon luth va se taire.
Le printemps te rendra la voix du barde ailé ;
Il fera reverdir ton fier sommet pelé ;
Tu berceras encor les chastes nids de mousse…
Moi je vais à la tombe où chaque instant me pousse.
Sous tes ombrages frais que nul vent ne détruit,
Alors que l’air est pur et que s’éteint le bruit,
Sous tes ombrages frais, déposant leurs faucilles,
Les gars de Lotbinière et les rieuses filles,
Iront se raconter leurs fidèles amours.

Adieu, vieil arbre aimé. L’on m’a dit que toujours,
Vers l’heure de minuit, sous ta vaste ramure,
L’ombre de Tonkourou se glisse sans murmure…
Adieu ! Redis ces chants qui vont enfin finir.
Si je suis oublié, garde mon souvenir !